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Stéphanie BRIDOUX
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FORMATION PERMANENTE POUR LES PROFESSEURS DE MATHÉMATIQUE :
PRÉPARER LA TRANSITION SECONDAIRE-UNIVERSITÉ DANS LES COURS DE MATHÉMATIQUES

Introduction

Les étudiants qui entrent en première candidature répondent de moins en moins aux exigences universitaires. Nous entendons par là que non seulement leurs acquis mathématiques se sont appauvris mais aussi que la plupart d'entre eux sont démunis par rapport à la méthode de travail à adopter ou aux efforts à fournir. Même si leurs capacités ne sont pas remises en cause, force est de constater que les étudiants actuels sont confrontés à d'énormes difficultés pour suivre le cursus d'une première candidature.

Notre sentiment a été renforcé par l'étude PISA 2000 de l'OCDE, dont le but était d'évaluer les acquis des étudiants de 15 ans de l'OCDE dans les domaines de la lecture, des mathématiques et des sciences. Parmi les 32 pays concernés, le rapport nous apprend que les étudiants belges francophones accumulent les contre-performances. Les résultats de nos meilleurs étudiants dans les trois domaines ciblés sont en-dessous de la moyenne des meilleurs de l'OCDE. De plus, notre système d'enseignement secondaire apparaît comme inéquitable, c'est-à-dire que les étudiants socialement défavorisés courraient un risque plus élevé que les autres de figurer parmi les étudiants les plus faibles. Nous serions donc impuissants face aux inégalités sociales. Les problèmes de violence et de décrochage scolaire dans certains établissements ne sont sûrement pas étrangers à cette situation. Parfois, enseigner devient une mission très difficile. Les réformes actuelles (la réforme de la formation initiale des enseignants, la réforme des cours de sciences, l'apprentissage par socles de compétences,...) permettront-elles de résoudre une partie des problèmes ? C'est un tout autre débat dans lequel nous ne nous aventurerons pas ici.

En 1999, grâce à une initiative du Gouvernement de la Communauté Française, des activités de guidance ont été instaurées dans les universités pour favoriser la réussite. Nous décrivons ici les actions menées à la Faculté des Sciences de l'UMH, et plus précisément dans les sections mathématique, informatique et physique. Nous expliquons aussi les effets positifs ressentis chez les étudiants.

[up]Description du système

Pour éviter que la transition entre l'enseignement secondaire et l'université ne soit trop brutale, nos étudiants bénéficient d'un encadrement spécifique qui les accompagne durant toute la première candidature. Les activités qui leur sont proposées sont réparties en deux périodes. Durant les six premières semaines de l'année académique, l'accent est mis sur la maîtrise des mathématiques de base et sur l'acquisition d'une bonne méthode de travail. Ensuite, les activités sont directement connectées aux cours de la première candidature.

Signalons tout d'abord que nos préoccupations concernant l'enseignement des mathématiques nous ont amené à lutter contre l'échec bien avant 1999. En 1994, Christian Michaux, chargé de cours à l'UMH, a mis sur pied un cours de Mathématiques élémentaires en vue d'une mise à niveau des étudiants de première candidature. La décision de création d'un tel cours était née du constat suivant : les étudiants qui entreprennent des études scientifiques proviennent de différentes filières d'enseignement. Ils ont, par conséquent, des connaissances mathématiques très inégales. Au départ, ce cours était facultatif avec une charge horaire de 30 heures. Aujourd'hui, le cours est devenu obligatoire avec une charge horaire de 45 heures. Il fait désormais partie du programme de la première candidature et s'intègre parfaitement dans le contexte du développement de l'encadrement pédagogique des étudiants. Les sujets de ce cours sont des notions clés de l'enseignement secondaire considérées comme des prérequis pour aborder les cours de première candidature, c'est-à-dire :

  • les nombres complexes,
  • une introduction à l'algèbre linéaire,
  • une introduction à la logique,
  • les mécanismes de preuves,
  • les fonctions élémentaires,
  • la géométrie analytique à 2 et 3 dimensions,
  • la manipulation du symbole sommatoire.

Le rythme adopté durant le cours est assez soutenu puisque la matière n'est pas nouvelle. Le mode de fonctionnement est cependant particulier. Aucun théorème n'est démontré, l'accent est mis sur la compréhension des concepts mathématiques, sur l'aptitude des étudiants à les manipuler et sur le développement d'une certaine intuition. Les points essentiels sont exposés au tableau et sont entrecoupés de nombreux exercices pour confronter immédiatement les étudiants aux éventuelles difficultés. Pendant les séances, les étudiants sont encadrés par l'enseignant mais également par une assistante pédagogique. Une autre particularité de ce cours est d'y faire participer des étudiants qui préparent l'Agrégation de l'Enseignement Secondaire Supérieur et/ou des élèves assistants. Nous estimons qu'une personne supervise ainsi le travail d'une quinzaine d'étudiants. Cette surveillance constante les encourage à fournir un effort personnel intense. En retour, ils bénéficient d'une aide personnalisée.

Durant les six premières semaines, un test de deux heures en relation avec le cours de Mathématiques élémentaires est organisé chaque lundi matin. Leur but est d'aider les étudiants à acquérir une certaine régularité et de l'organisation dans leur travail dès le début de l'année. La matière à revoir pour le test augmente chaque semaine. Par exemple, celle du troisième test couvre les trois premières semaines de cours, celle du quatrième couvre les quatre premières semaines,... Chaque test est suivi le jour même de sa correction au tableau.

Un examen dispensatoire portant sur le cours de Mathématiques élémentaires a lieu en novembre. La note finale du cours est la somme de l'examen pour 80% et des tests pour 20%. L'étudiant qui obtient une note supérieure ou égale à 12 sur 20 est dispensé mais tout étudiant qui souhaite améliorer sa note peut représenter l'examen en janvier. Dès lors, la note finale devient la meilleure note obtenue entre celles de novembre et janvier.

En complément au cours de Mathématiques élémentaires, un séminaire de 12 heures est proposé aux étudiants. Des matières du cours y sont approfondies en utilisant le support informatique et l'algorithmique.

Les cours nécessitant un certain bagage mathématique, comme l'Analyse par exemple, démarrent en novembre. Les autres cours du cursus sont évidemment organisés pendant les six premières semaines mais les horaires ont été adaptés pour y incorporer Mathématiques élémentaires et les tests du lundi matin.

A partir de novembre, l'aide que nous offrons est centrée sur la compréhension des cours propres à la première candidature. Durant toute l'année, le lundi matin est libéré de cours. Comme nous l'avons mentionné précédemment, il est consacré à des tests d'évaluation jusqu'en novembre. Après, il est dédié à des séances facultatives de remédiation. Leur organisation est variable et la difficulté est de s'adapter aux besoins des étudiants. Elles peuvent consister en des explications complémentaires sur des sujets difficiles, la rédaction de plans de cours, la résolution d'exercices supplémentaires,...

Les étudiants ont aussi accès à d'autres types d'aide. Des séances supplémentaires de Mathématiques élémentaires sont organisées entre novembre et décembre pour aider ceux qui ont échoué à préparer l'examen de janvier. Il peut paraître inconcevable qu'un étudiant n'ayant pas répondu aux exigences d'un cours dit élémentaire puisse suivre le cursus de la première candidature. Paradoxalement, certains échouent en novembre, réussissent en janvier et accèdent à la deuxième candidature sans problème. Nous expliquons ce phénomène de la façon suivante : nous avons souligné ci-dessus l'incapacité de beaucoup d'étudiants à fournir le travail exigé dès leur entrée à l'université et à s'organiser. L'examen de novembre est un signal d'alarme. Ils prennent alors conscience de la nécessité de s'impliquer réellement dans leurs études. Ces séances les aident à combler leurs lacunes. Étant moins nombreux, ils bénéficient aussi d'une présentation du cours adaptée à leurs problèmes.

A la fin de l'année, des séances de préparation aux examens sont organisées. Les étudiants y résolvent par petits groupes des exercices supplémentaires ou des examens antérieurs. Les questions sont spécifiquement choisies pour leur montrer quel niveau mathématique ils ont atteint et quels types d'efforts ils devront fournir pour réussir. Les étudiants qui le souhaitent y présentent aussi les démonstrations des théorèmes importants, ce qui constitue une très bonne répétition pour les examens oraux.

[up]Une analyse du système

Pour résumer, l'aide proposée aux étudiants se compose actuellement des activités suivantes que nous scindons en deux périodes :

Avant novembre

  • un cours obligatoire de Mathématiques élémentaires,
  • des tests hebdomadaires et des séances de correction,
  • un séminaire.

Ce type d'encadrement tente de faire prendre conscience aux étudiants de tout l'investissement qu'ils doivent accorder à leurs études et de maîtriser les bases.

Après novembre

  • des séances supplémentaires de Mathématiques élémentaires,
  • des séances de remédiation les lundis matin en rapport avec les cours,
  • des séances de préparation aux examens.

Cette période est plutôt axée sur l'évolution mathématique des étudiants. Soulignons aussi que d'un encadrement quotidien jusqu'en novembre, nous passons, au fil des semaines, à un encadrement hebdomadaire.

Il est clair que la gestion d'un tel programme nécessite un investissement pédagogique conséquent. À titre exemplatif, les tests hebdomadaires de Mathématiques élémentaires et l'examen de novembre représentent de nombreuses corrections en six semaines. En 1999, un poste pédagogique a été créé pour gérer les activités de guidance. Cela correspond à une charge d'environ 400 heures de cours sur une année.

Actuellement, nous avons des raisons de penser que notre travail n'est pas inefficace. Rappelons que, excepté le cours de Mathématiques élémentaires et les tests, toutes les activités sont facultatives même si elles sont complètement intégrées dans les horaires. Leur succès n'en est pas pour autant moindre. Le taux de participation est d'environ 90%. Ce nombre signifie aussi que si beaucoup d'activités visent au départ les étudiants en difficulté, les meilleurs profitent également du système. Leur présence aux séances de guidance leur permet d'obtenir des explications sur des problèmes ponctuels. Certains y voient aussi l'occasion de découvrir la matière sous un autre angle.

Une enquête a été réalisée auprès des étudiants en vue d'analyser notre système le plus objectivement possible. Les résultats pointent tous dans la même direction : les étudiants estiment que les différents types d'encadrement proposés ont contribué à les faire progresser tant dans leur méthode de travail que sur le plan mathématique. Les remédiations sont définies comme le lien parfait entre les cours et le travail personnel que ceux-ci exigent. L'enquête met aussi en évidence un phénomène surprenant : la sévérité du cours de Mathématiques élémentaires (être constamment surveillés, les tests hebdomadaires,...) n'est pas du tout ressentie comme une punition. Au contraire, les étudiants apprécient d'avoir un moyen concret de suivre leur évolution et ce, dès le début de l'année.

Enfin, nous avons un retour très positif des enseignants qui interviennent dans la section. Leur opinion est que les séances de guidance sont très bénéfiques pour les étudiants. Elles leur permettent notamment d'acquérir plus d'autonomie et de structure dans leur travail.

Certaines personnes pourraient s'interroger sur la nécessité de mettre en place un tel programme. Après tout, l'apprentissage par soi-même n'est-il pas un des concepts des études universitaires ? Ne sommes-nous pas en train de négliger cet aspect ? Nous pensons que non et nous sommes convaincus de la nécessité d'incorporer dans le cursus de la première candidature un soutien aux étudiants si nous voulons conserver la qualité exigée par la formation. Les étudiants actuels sont, en effet, préparés différemment de ceux à qui nous donnions cours il y a encore quelques années. C'est une réalité et il est important d'en prendre conscience. Bien au delà de leurs carences mathématiques, ils sont de moins en moins capables de s'imposer les contraintes des études universitaires. Il y a toujours de bons étudiants mais un encadrement pédagogique tel que celui décrit ici permet d'observer une évolution très positive chez des étudiants dont le niveau n'était pas nécessairement exceptionnel au départ.


Créé le : 14 janvier 2004
Modifié le : 17 juin 2008
Créé avec TEX4ht


Webmaster : Christophe Troestler[up]http://www.umh.ac.be/math/an/formation2004ch3.html



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